Ce n’est pas en balayant la poussière sous le tapis qu’on fera avancer les choses !

par | J,Oct,2025 | Divers, La Photographie | 0 commentaires

J’avais publié ce message dans trois groupes de photographes. Un seul l’avait accepté, pour finalement le supprimer alors que les échanges étaient calmes, constructifs et qu’il n’y avait quasiment aucun “hater”.

Il a été effacé, comme si parler des réalités économiques du métier de photographe était devenu un crime. Alors je le republie ici, parce que ce qu’on fait disparaître sur Facebook mérite d’être lu ailleurs. Ce n’est pas en balayant la poussière sous le tapis qu’on fera avancer les choses dans ce pays.

On va sans doute me qualifier de “râleur” ou “d’aigri”, puisque ce n’est pas la première fois que j’aborde ce sujet ou que j’essaie de le dénoncer. Mais quand les syndicats de photographes ignorent les messages, qu’un député et une sénatrice ne prennent même pas la peine de répondre, et que la plupart des confrères me disent : “C’est comme ça, on ne peut rien faire, sinon on sera mal vus”, je me dis qu’il faut continuer à en parler.

Parce que si personne ne dit rien, rien ne changera. Et à force de fermer les yeux, on finira par se réveiller trop tard. Le constat actuel de notre profession de photographe ressemble déjà à celui du pays tout entier : une lente chute, dans le silence général.

Je me demande parfois s’il ne vaudrait pas mieux s’expatrier. Parce que j’ai la sensation que la France fonce droit dans le mur dans presque tous les domaines, et que rien ne s’améliorera tant que nos dirigeants continueront à se chamailler comme des enfants de cinq ans, et à inventer des taxes et des lois toujours plus absurdes les unes que les autres, souvent à l’opposé de ce qu’il faudrait faire pour aider ceux qui travaillent vraiment.

Alors voilà. Voici le message que j’avais voulu partager. Au moins ici, sur mon blog, personne ne pourra le supprimer ni prétendre que tout va bien.

Le message censuré

 

Salut tout le monde,

Je vois quotidiennement passer des publications avec des recherches ou des propositions de photographes à tarifs low cost.

Pour les photographes, sans parler du fait que vous êtes en train de détruire le marché de la photographie et de vous impacter vous-mêmes, savez-vous que vous perdez ou gagnez en réalité très peu d’argent ?

Le salaire d’un indépendant, ce n’est pas du tout la même chose qu’un salaire de salarié.

Quand vous facturez 200 € un mariage ou une séance photo, vous ne gagnez pas réellement 200 € moins les 23 % d’URSSAF. Et côté client, votre photographe professionnel qui vous devise 1800 € ne gagne pas réellement cette somme. Il ne vous vole pas.

Prenons un exemple concret : avec mes charges fixes (assurance, médiateur, abonnement galerie, abonnement Photoshop/Lightroom, abonnement site internet, abonnement logiciel de facturation, adhésion UPP, CFE), sans même compter l’usure du matériel photo et de la voiture, si je fais 50 contrats dans l’année, je perds environ 43 € par contrat avant même de commencer.

Maintenant, prenons une prestation à 200 €, située à 100 km aller-retour de chez moi.

Je fais environ 500 photos, ce qui représente 9 € d’usure de matériel. L’URSSAF est à 23 %, donc 46 € partent directement en cotisations sociales. Les charges fixes représentent 43 €. L’usure du véhicule pour 100 km (carburant, entretien, amortissement) coûte environ 70 €.

Résultat : il me reste 32 € comme “salaire”.

Imaginons que cette prestation dure 2 heures sur place, mais qu’au total j’y passe 7 heures (1 h de préparation, 2 h de séance, 4 h de tri et retouche). Cela fait 4,6 € de l’heure net. Pour rappel, le SMIC net est actuellement de 9,40 € (au 22 octobre 2025).

Et si vous voulez gagner un SMIC mensuel net d’environ 1400 €, il vous faudrait faire 44 contrats dans le mois au même tarif, autrement dit 1 à 2 contrats par jour. C’est irréaliste, épuisant, et vous finirez en burnout.

En reprenant le même exemple, le prix juste pour une prestation de ce type devrait être d’au moins 370 €. À ce tarif, il reste environ 172 € net au photographe. C’est déjà beaucoup plus raisonnable, tout en tenant compte du fait qu’on n’a pas des contrats tous les jours.

Maintenant, prenons un autre exemple, souvent vu sur les réseaux : un mariage de 12 heures à 300 €.

En restant sur les mêmes bases que tout à l’heure :

  • Lieu à 100 km aller-retour

  • Environ 2000 photos, soit environ 36 € d’usure matériel (à ajuster selon votre boîtier)

  • URSSAF à 23 %, soit 69 € de cotisations

  • Charges fixes de 43 €

  • Usure du véhicule : 70 €

Il vous reste 82 €.

Et pour ce type de prestation, vous allez travailler environ 25 heures au total (préparation, reportage, déplacement, tri, retouche, livraison). Cela représente 3,28 € de l’heure net.

Alors quand je vois des photographes proposer des mariages complets à 300 €, il faut bien comprendre que non seulement vous perdez de l’argent ou vous vous épuisez, mais vous tirez aussi toute une profession vers le bas.

Et côté client, non, on ne vous vole pas.

Un photographe professionnel qui facture un mariage à 1800 € (Un exemple) ne s’enrichit pas sur votre dos. Il vous propose un prix juste, cohérent avec la réalité économique du métier de photographe : matériel, préparation, temps de travail, logiciels, post-production, livraisons, charges et précarité.

Si vous avez un budget limité, ce n’est pas un problème : réduisez simplement le temps de présence ou la formule. Mais ne demandez pas à un professionnel de travailler à perte.

 

Conclusion

 

Ce message ne vise pas à attaquer qui que ce soit, mais à rappeler une réalité que beaucoup refusent d’entendre : le travail d’un photographe professionnel ne peut pas être bradé sans conséquences.

Lorsqu’on voit que certains organisateurs d’événements internationaux ou même des organismes publics imposent des budgets low cost, voire du bénévolat aux photographes, c’est bien la preuve qu’il y a un problème profond dans ce pays. Et il devient difficile de continuer à faire semblant que tout va bien.

Alors quand on me parle de “cible”, ça me fait doucement sourire, parce que le marché medium a presque totalement été absorbé par les low cost, et aujourd’hui, même le haut de gamme commence à être attaqué.

Et si un texte aussi simple finit par être supprimé, c’est bien la preuve que le problème ne vient pas des mots, mais du refus collectif de regarder la réalité en face.

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