Suite aux incidents sur l’Étoile de Bessèges 2025 (voir l’article de Direct Vélo ici : https://www.directvelo.com/actualite/118657/besseges-recit-d-une-heure-hors-du-temps) et aux nombreux commentaires que j’ai pu voir passer, je souhaite prendre quelques minutes pour expliquer comment se déroule la sécurité sur une course cycliste. J’ai remarqué que beaucoup de critiques émanaient d’une méconnaissance du fonctionnement de ces événements.Disclaimer : Je n’étais pas sur l’Étoile de Bessèges et en aucun cas je n’émettrai de critiques sur cet événement précis. Mon témoignage repose sur mon expérience de plusieurs années en tant que photographe de courses cyclistes, ancien coureur amateur et en travaillant régulièrement dans les véhicules de dépannage neutre.
La sécurité sur une course cycliste en circulation semi-ouverte
En France, et dans la plupart des courses en Europe, hormis quelques exceptions comme le Tour de France ou Paris-Roubaix, les courses, qu’elles soient amateurs ou professionnelles, se déroulent généralement en circulation semi-ouverte.
Qu’est-ce que cela signifie ?
Cela signifie que la circulation n’est pas totalement interrompue sur le parcours. Les véhicules civils sont arrêtés temporairement lorsqu’ils risquent d’interférer avec la course.
La « bulle de course » :
Voir l’illustration de mon ami Bernard AUGUSTE de S2C Sécurité Course Cycliste – Région PACA sous l’article.Voici les principes de fonctionnement de la sécurité :
- Les véhicules dans le sens de la course ne peuvent jamais dépasser la voiture balai.
- Dès que la voiture des forces de l’ordre (FDO) et/ou une voiture ouvreuse arrivent, la circulation civile est interrompue jusqu’au passage de la voiture balai.
- Ces véhicules sont ensuite arrêtés par des motards de sécurité (associations spécialisées ou gendarmerie). Ils doivent patienter sur le bord de la route ou sur un emplacement dégagé si possible.
- Les véhicules immobilisés sont signalés par des motos drapeaux jaunes, qui informent également les coureurs des dangers de la route (mobilier urbain, rétrécissements, obstacles, etc.).
- Les motards de sécurité bloquent aussi les carrefours en l’absence de bénévoles à pied. Quelques secondes avant l’arrivée du peloton, ils redémarrent pour aller bloquer un autre point stratégique plus loin.
Pourquoi les incidents surviennent-ils malgré ces précautions ?
Malheureusement, il est impossible de sécuriser chaque route secondaire, chaque sortie de maison, chaque lotissement sur un parcours de plusieurs centaines de kilomètres.Les riverains sont avertis quelques jours avant avec des flyers d’information, mais cela ne suffit pas toujours. Certains ne prennent pas la peine de lire l’information ou l’oublient rapidement.Le plus grand danger vient souvent des automobilistes qui ne respectent pas les consignes des forces de l’ordre, des motards de sécurité ou des bénévoles. Certains choisissent, volontairement ou par négligence, de s’engager en sens inverse de la course, malgré l’interdiction formelle.
Un manque de civisme aux conséquences dramatiques
Les incidents, comme ceux observés la semaine dernière, sont souvent dus à des comportements irresponsables :
- Des automobilistes impatients, refusant d’attendre quelques minutes, tentent de forcer le passage.
- Des riverains distraits, qui sortent de chez eux sans vérifier que la course est en cours. J’ai déjà vu des riverains s’engager en plein milieu d’une file de voitures de Directeur Sportif…
- Des usagers de la route qui estiment que la course cycliste est un obstacle « illégitime » à leur déplacement.
Il est essentiel de rappeler que ces courses sont organisées en accord avec les autorités locales et la préfecture, et que les consignes données par la sécurité ne sont pas optionnelles.Un peloton lancé à 50-60 km/h ne peut pas s’arrêter net. Un véhicule qui s’engage inopinément sur la route met en danger la vie des coureurs, mais aussi celle des spectateurs.
Conclusion
La sécurité sur une course cycliste est un dispositif complexe et bien structuré. Chaque acteur joue un rôle précis pour protéger les coureurs et éviter les drames. Mais aucune organisation, aussi bien huilée soit-elle, ne peut compenser le manque de respect de certains usagers de la route.Il est donc impératif que chacun prenne conscience des risques et respecte scrupuleusement les consignes des forces de l’ordre et de la sécurité. Quelques minutes d’attente peuvent éviter un drame humain.Merci à tous ceux qui œuvrent dans l’ombre pour assurer la sécurité des courses cyclistes, et espérons que ces incidents serviront de rappel à la responsabilité de chacun.

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