📢 Les vrais chiffres : pourquoi 1000€ la journée ne signifie PAS 1000€ de salaire

Sur les réseaux sociaux et dans les discussions, je vois souvent une confusion entre le tarif d’un entrepreneur et le salaire net d’un salarié.

Beaucoup pensent qu’un photographe qui facture 1000€ pour une journée gagne directement cette somme… La réalité est bien différente.

Pour comparer correctement, il faudrait rapprocher ce tarif du super brut d’un salarié (ce que l’entreprise dépense réellement pour payer un employé). Mais même là, les différences sont énormes car un indépendant a beaucoup plus de charges et une stabilité bien moindre.

Voyons ensemble un cas concret.

🔎 Exemple concret : un photographe auto-entrepreneur qui facture 1000€ pour une journée

Prenons un photographe qui réalise un reportage événementiel d’une journée (8h de travail sur place), avec 40 km de déplacement aller-retour et environ 1500 photos prises avec deux boîtiers professionnels :

• Nikon Z8 (acheté 4600€)

• Nikon Z6 (acheté 1800€)

Pour simplifier, je ne vais quantifier que l’usure des boîtiers. L’usure des objectifs, flashs, PC… est plus difficile à estimer mais représente un coût réel important.

💰 Chiffre d’affaires : 1000€

📉 Les charges à déduire :

• URSSAF : 230€ (23% du CA en micro-entreprise)

• Usure du matériel (boîtiers uniquement) : 8,10€

  • Nikon Z8 → 200 000 déclenchements estimés → 2,30€ pour 1200 photos

  • Nikon Z6 → 200 000 déclenchements estimés → 5,80€ pour 300 photos

• CFE (Cotisation Foncière des Entreprises) :

  • 0€ si CA < 5000€

  • 400€ (dans mon cas) si CA au dessus de 5000€ .

Le prix est variable selon la ville où l’entrepreneur est déclaré.

Assurances professionnelles (RC Pro, santé, matériel…) : 833€/an

• Abonnements logiciels et site web (Lightroom, Photoshop, galerie client, site internet, Google, etc.) : 128€/mois

• Frais de déplacement pour 40km (essence + usure véhicule, selon le barème officiel du gouvernement) : 28€

🕒 Temps de travail réel sur une prestation

Beaucoup pensent que facturer une journée signifie travailler 8h et rentrer chez soi. En réalité, un reportage de 8h implique :

✔ 1h de RDV client (appel, préparation du devis)

✔ 1h de préparation et rangement (chargement du matériel, vérification)

✔ 8h de prise de vue sur place

✔ 8h de tri et retouche (variable selon la complexité du reportage, un mariage ou de la mode peut être bien plus long).

Par exemple, mon dernier shooting de mode m’a pris 66 heures, dont environ 45/50 heures de trie et retouche et 5 heures de prises vues.

✔ 1h de livraison et communication (mise en ligne des photos, échanges avec le client)

Total : ≈ 19h de travail réel

📊 Résultat net selon le nombre de contrats annuels

🚨 Pourquoi ces chiffres ne disent pas tout ?

1️⃣ La précarité : un revenu irrégulier et incertain

📉 Contrairement à un salarié qui a un revenu stable, un photographe ne sait jamais combien de contrats il aura dans l’année. Certains mois, il peut ne pas travailler du tout.

2️⃣ Pas de congés payés

🏖️ Un salarié continue d’être payé pendant ses vacances. Un indépendant, non.
S’il prend un mois de vacances, il ne gagne aucun revenu pendant cette période.

3️⃣ Pas d’arrêt maladie

🤒 Un salarié malade perçoit des indemnités. Un indépendant ne gagne rien, sauf s’il a souscrit à une assurance complémentaire (un coût en plus).

4️⃣ Tout le travail invisible (non rémunéré)

📞 Quand un photographe ne travaille pas pour un client, il travaille quand même !

Il doit :

• Répondre aux demandes et faire des devis

• Assurer le suivi client

• Gérer la comptabilité et l’administratif

• Faire du marketing et de la communication (réseaux sociaux, site web…)

• Se former en permanence pour rester compétitif

En 2024, j’ai travaillé en moyenne 45h/semaine, mais toutes ces heures ne sont pas facturables.

5️⃣ Le coût du matériel

📷 Un équipement professionnel n’est pas gratuit et doit être révisé et renouvelé régulièrement pour maintenir un bon niveau de qualité.

Dans mon cas, j’ai plus de 10 000€ de matériel et chaque année, une partie doit être remplacée ou entretenue.

6️⃣ Différences de statuts et de charges

🔍 Ici, j’ai pris l’exemple d’un auto-entrepreneur avec 23% de cotisations.

Mais certains photographes sont sous un autre statut (EURL, SASU, Artiste-Auteur…), avec des charges bien plus élevées dans certains cas (jusqu’à 45% de cotisations).

7️⃣ Le cas des photographes employeurs

🏢 Certains photographes ont des employés. Lorsqu’une entreprise paie un salarié 1500€ net, elle dépense en réalité 2110€ (charges incluses).

Un photographe avec une équipe doit donc gérer des charges supplémentaires.

🏁 Conclusion : facturer 1000€ ne signifie pas gagner 1000€ !

Un photographe auto-entrepreneur qui facture 1000€ pour une journée ne met pas 1000€ dans sa poche.

Son revenu réel dépend du nombre de contrats signés dans l’année, des charges fixes, des frais professionnels, du temps de travail invisible, et surtout de la précarité du métier.

La prochaine fois que vous voyez un tarif d’indépendant, pensez à tout ce qui se cache derrière avant de le comparer à un salaire salarié. 😉

📸 Tu veux sensibiliser tes clients à la valeur du travail d’un photographe ?

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